éco-hameau Chanteix


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Le site du hameau bénéficie d'une situation privilégiée. Protégé au nord par un relief et la forêt, il s'ouvre sur le versant sud face à une colline, qui sans l'ombrager le protège du bruit de l'autoroute et offre le décor d'un amphithéâtre de verdure. L'ouest est aussi abrité par la forêt, créant un véritable microclimat où l'ensoleillement est abondant et les vents froids complètement coupés.
La forte déclivité du terrain dessine quatre zones distinctes.




 1-la partie haute, très ensoleillée, en pente douce et abritée dans des bras de forêt, forme en arc souple propice à l'implantation des habitations. Chaque maison peut profiter de la vue dégagée et d'apports solaires maximum sur cette zone.



 2- la partie intermédiaire forme une légère cuvette, en pente douce, bien ensoleillée. C'est la zone thermique du terrain, privilégiée pour la culture des végétaux. Son accès est f facile et se prête à une fréquentation quotidienne.




3-La partie pentue bénéficie d'un peu moins de soleil que le haut et se trouve plus éloignée des réseaux. La forte pente rend difficile la circulation quotidienne. Pour utiliser cette zone, on peut penser à aménager un camping rustique, allant jusque dans la parcelle boisée.

4-la partie basse, humide et peu ensoleillée, est relativement plane et possède un accès direct sur la route. On peut y implanter un bâtiment de stockage ou d'artisanat.


Ce terrain fait partie d'une propriété agricole dont d'autres parcelles peuvent être acquises par le collectif du hameau.

Un terrain de pacage situé à environs 300 mètres du bas de la parcelle principale, le champ voisin sur la limite ouest, un pré dans la forêt à 200 mètres. L'augmentation de la surface des terres peut amener grâce à la gestion commune, la mise en place d'une permaculture.




 Principes de développement du lieu


 Par la bonne volonté du propriétaire actuel du terrain, il est possible de contourner l'écueil principal de l'habitat groupé, l'investissement de quelques uns pour d'autres à venir.
Ainsi, dans un premier temps, des parcelles privatives, de petites surfaces, seront vendues directement par le propriétaire aux habitants du hameau.
Dans un second temps, quand l'effectif des habitants sera complet, l'ensemble du ou des terrains seront acquis par la communauté.
Cela permet d'investir l'argent et l'énergie de manière concentrique, pour chacun et pour la communauté.

Privatif/commun 
Chaque famille est propriétaire du lot sur lequel est construite sa maison. Cette parcelle est réduite à un jardinet.
L'ensemble du site hors les lots construits appartient à tous les habitants.
Au fur et à mesure des investissements, l'ensemble est évalué à un prix hors spéculation et redivisible en part pour qui souhaite partir et revendre avec son lot bâti.
Chaque habitant s'investit dans les parties communes et peut ainsi changer de maison sans perdre le profit de son travail sur le site.
Des constructions par étapes
La grange commune
La grange est proposée comme centrale de production du hameau.
Elle est reliée aux réseaux ville et les redistribue vers les zones d'habitation. Sa situation centrale sur le terrain favorise cette répartition.
La construction d'un bâtiment commun comme première étape a beaucoup d'intérêts.
Cela permet dans un premier temps:
  • d'apprendre à se connaître en travaillant ensemble
  • de mieux connaître le lieu, pour mieux définir ses choix d'habitat
  • de se former aux techniques d'écoconstruction, faire des choix pour son habitation
  • d'avoir un lieu de stockage, un atelier pour les futures constructions
  • d'avoir un logement pour les autoconstructeurs
    Dans un second temps:
  • d'avoir une véritable centrale de production solaire (30-40m2) et un stockage d'eau
    (20 000litres)
  • un atelier commun
  • un logement locatif et/ou une salle commune
voir proposition pour la grange en annexe
Les habitations

Les maisons sont réalisées en autoconstruction avec des matériaux sains, selon une conception bioclimatique qui permet d'optimiser et de stocker les apports solaires tout en limitant les déperditions.
On peut citer
  • diverses techniques d'écoconstruction: construction en botte de paille, ossature bois, bois cordé, mur en terre, torchis, bardeau de bois, toiture végétalisée...
  • des dispositifs bioclimatiques et écologiques: solaire direct, mur trombe, mur d'eau, mur d'inertie, espaces tampons, auvents, serre bioclimatique, végétalisation, lumière naturelle, toilettes sèches...
Ces techniques permettent, à condition d'un approvisionnement local, une construction à faible production d'énergie grise, un bon bilan carbone, une faible consommation d'énergie dans l'habitat et un aspect architectural pour le coup réellement vernaculaire.
La volonté des habitants de mutualiser leur moyens, de limiter la dispersion du bâti, et réaliser des économies à la construction et à l'usage, les a amenés au choix de maisons accolées par deux ou trois.
Cette option met en commun pour chaque groupe de maisons:
  • réseaux
  • construction gros oeuvre
  • production d'eau chaude sanitaire et stockage
  • phyto épuration
  • compost
  • buanderie, congélateur
  • chambre d'ami, salle de jeux ou bibliothèque
  • ...



Sur le terrain, trois zones correspondent à des tranches de construction.

Z1: pente rocheuse: deux maisons accolées ( par exemple T3+T5)
Z2: devant la grange: 2 ou3 maison accolées ( par exemple T4+T5+ T2)
Z3: partie est: 2 maisons individuelles ou trois maisons groupées (par exemple T4+T3+T2)


Les réseaux 

Les réseaux arrivent en haut du terrain jusqu'à la grange qui redistribue, complète (approvisionnement en eau), ou autonomise.
Ils se répartissent vers les trois zones d'habitation.
Chaque groupement de maisons, utilisant des toilettes sèches, réalise une phyto épuration en commun, pour mieux contrôler un système plus petit, permettre l'évolution du lieu par tranches.
L'eau nettoyée est stockée dans des mares au dessus du jardin pour permettre l'irrigation. Les phyto épurations des zones deux et trois se déversent dans un bassin commun qui peut devenir une piscine biologique pour le hameau.


Accès automobile, cheminements 

L'accès automobile est possible mais reste exceptionnel.
Un chemin encaillouté à la lisière nord dessert chaque zones.
Les véhicules sont garés soit derrière la grange, soit le long du chemin de desserte, soit à l'extérieur du terrain (si autorisation).
Des chemins piétonniers relient les habitations au parking.
Un réseau de chemins permettent aux habitant d'accéder aux zones fréquentées: jardin, verger, salle commune, piscine...
L'aménagement complet du site créera une liaison entre le haut et le bas du terrain par un chemin serpentant à travers la pente, il pourra relier le chemin existant en bas à celui du haut.

Les activités du site

Les habitants peuvent décider effectuer des tâches en commun: bois de chauffage, jardinage, entretien du site, aménagement de lieux commun (piscine, jeux enfants...).
Ils peuvent aussi accueillir des entreprises ou des artisans, ou même développer une activité propre au lieu.

Agriculture

Rapidement, un potager commun sera créé et entretenu par les habitants. L'irrigation est assurée par l'eau des mares, ou la réserve d'eau de pluie.
Un verger sera planté devant les maison et en dessous du jardin. Un poulailler peut être construit.
Dans le cas de l'acquisition des parcelles supplémentaires, d'autre cultures peuvent être envisagées.

La disponibilité de terre et de main d'œuvre peut permettre d'installer une permaculture. Ce système qui vise à produire sur un site le maximum en intervenant le moins possible nécessite un fort investissement de travail pour la mise en route, mais peut assurer un apport alimentaire certain, notamment quand les arbres sont à maturité.
Ces principes d'agriculture biologique, durable, respectueuse de l'environnement sont à étudier car ils amènent à une compréhension de l'écosystème dans lequel on vit.

Voici quelques éléments de présentation:

Le mot “permaculture” a été inventé en 1978 par Bill Mollison, un écologiste australien et un de ses élèves, David Holmgren. C’est une contraction d’”agriculture permanente” ou de “culture permanente”.
La permaculture vise à concevoir des habitats humains écologiques, notamment des systèmes de production de nourriture. C’est une philosophie d’aménagement du territoire et de renfort de l’esprit de communauté qui s’efforce, par l’intégration harmonieuse des habitats humains, du micro-climat, des plantes annuelles et vivaces, des animaux, des sols et de l’eau, de créer des sociétés durables et productives. L’accent n’est pas seulement mis sur ces éléments eux-mêmes, mais surtout sur les relations qu’ils entretiennent entre eux par la façon dont ils sont placés dans le paysage ou le système à créer. Cette synergie est davantage mise en valeur par l’imitation de modèles trouvés dans la nature.
Un thème central en permaculture est la conception de paysages écologiques producteurs de nourriture. L’accent est placé sur des pratiques traditionnelles comme le paillage ou les treillis, et l’intégration d’animaux pour recycler les nutriments ou brouter les mauvaises herbes.
Cependant, la permaculture ne se réduit pas seulement à la production de nourriture. L’architecture en matériaux naturels et énergétiquement efficace, le traitement des eaux usées, le recyclage, et la protection de l’environnement en général sont d’autres composants importants de la permaculture. La permaculture englobe également les structures économiques et sociales ainsi que le développement de communautés permanentes comme les logements coopératifs ou les écovillages. En tant que tels, les principes de design utilisés en permaculture sont applicables tant dans les milieux urbains que ruraux, et sont aussi bien appropriés à des individus seuls qu’à des fermes ou villages entiers. Récemment, des permaculteurs ont utilisé avec succès ces procédés de design pour organiser des entreprises ou leurs propres cours de permaculture par exemple. Dans ce sens, la permaculture devient réellement une façon de penser et d’appréhender une situation. C’est une des méthodes de design les plus holistiques au monde à l’heure actuelle. (permaculturefrancophone.org » Définitions.htm)

De l'éthique de la permaculture, Bill Mollison a développé cet ensemble de principes qui permettent d'envisager un design:
  1. Prévoir l'efficacité énergétique
  2. Emplacement relatif
  3. Circulation d'énergie
  4. Effet de bordure
  5. Chaque élément doit avoir plusieurs fonctions
  6. Chaque fonction est remplie par plusieurs éléments
  7. Travailler avec la nature plutôt que contre elle
  8. Faire le plus petit effort pour le plus grand changement
  9. Le problème est la solution (wikipédia-permaculture)


Développement économique: 
Le hameau va chercher à tendre vers une autonomie en énergie, en eau , en alimentation. Sans que le but soit l'autarcie, bénéficier des ressources du site s'inscrit dans la démarche écologique du lieu et peut aider les familles à faire face à une situation économique globale difficile.
Pour financer des investissements sur le site, ou simplement assurer l'entretien des équipements, les habitants du hameau peuvent développer une petite activité économique, ou accueillir des activités artisanales.

Un bâtiment d'entreprise peut s'installer dans la zone 4, bénéficiant de l'accès à la route.

Un camping peut être proposé sur la zone 3. des terrasses aménagées dans le pré et dans le bois peuvent recevoir des visiteurs de passage qui pourront utiliser des sanitaires rudimentaires avec récupération d'eau de pluie, chauffe-eau solaire, toilettes sèches. L'accueil peut être en échange de coup de main (wwoof), ou payant.


Dans le cadre de la recherche de financement pour réaliser le bâtiment commun, des aides locales (commune, région...) pourrait financer le logement pour un logement social.
Mais en conservant sa propriété, le hameau dispose d'une salle commune qui peut s'ouvrir à des activités extérieures: ateliers, stages...Le logement peut, avec un dortoir, servir de centre de stage, de gite à louer, de logement de transit. Cette salle peut être le cœur culturel du hameau, où les rencontres se font avec les visiteurs.



La grange


C'est bâtiment de 8x12m, rectangulaire, avec une toiture à forte pente permettant:
  • une exposition à un angle optimum du pan sud de la toiture pour l'installation de panneaux photovoltaïques
  • une plus grande surface pour récupérer les eaux de pluie
  • un plus grand espace sous toiture à aménager
A l'intérieur, contre la paroi nord, un mur de tonnes (1x1m=1000litres d'eau) composé de 20 tonnes sur deux rangs, reliées entre elles permettent de stocker 20 000litres d'eaux de pluie, moyennant un encombrement d'une bande de 1 mètre dans le bâtiment. Cette réserve peut alimenter directement les maisons après filtrage, et être complétée par l'eau de ville en cas de pénurie.
La grange peut être le régulateur de l'eau et chacun consomme la même source. Cela paraît satisfaisant et économique, à condition de s'assurer de la bonne qualité de l'eau.
Dans le cas de réticences, ou de volonté de conformité à la réglementation actuelle, on peut envisager un double réseaux d'eau pour chaque maison, eau de pluie et eau de ville, et chacun est libre de régler sa consommation payante ou non.
Le pan sud de la toiture peut recevoir des panneaux photovoltaïques qui auront, du fait de l'ensoleillement de la zone et de la pente de la toiture, un très bon rendement. La revente du courant au réseau peut compenser la dépense de la consommation du hameau. Elle ne nécessite pas d'installations particulières.
En sachant que la production solaire réinjectée dans le réseau n'est pas stockable et peu transportable, il faudra s'habituer à consommer l'électricité quand elle est produite, c'est à dire les jours ensoleillés, aux alentours de midi.
Si l'autonomie est souhaitée, il faudra investir sur des batteries couteuses et peu écologiques.

Le rez de chaussée sert d'atelier, de stockage, de zone technique pour les systèmes d'autonomie.
L'étage sous toiture dégage une cinquantaine de mètres carrés habitables (>1,80m), et 80 m2 de surface utile. On peut aménager en plus une mezzanine-dortoir pour de nombreux couchages.


La construction

Construite en bottes de paille, méthode Cellule Sous Tension, elle est vite montée, économique en bois et parfaitement contreventée.
Les bottes de pailles sont montées sur des murets de fondation de 30cm de haut.
Le sol de l'atelier peut être en terre battue.
Un enduit terre grossier sur les bottes suffit pour les protéger du feu sous un bardage bois, rapide à poser.

Le plancher intermédiaire est isolé en bottes de paille, ainsi que la toiture.
La structure bois est constituée de portiques remplis de paille.
La toiture est végétalisée, assurant ainsi une filtration naturelle pour l'eau de pluie et une diminution de l'impact minéral d'un nouveau bâtiment.
Si l'on considère que le substrat détourne trop d'eau à son usage, on choisira un revêtement lisse.
On teste diverses techniques de captation solaire sur le mur sud:
  • pisé pour mur trombe,
  • brique de terre crue compressée
  • torchis,
  • ...




Proposition pour un hameau écologique à Chanteix

Novembre 2009
Virginie Farges
architecte DPLG
19330 Chanteix
virginie.farges@gmail.com